1. |
Boombap feat. Dj Pone
02:43
|
|||
L’alchimie est compliquée, j’pourrais même pas te l’expliquer
Résultat du croisement d’évènement et d’un instant T
Tombé tout marmot dans la marmite au milieu des disques J’n’ai jamais voulu faire carrière dans la musique
Mais c’rap m’emballait trop, j’crois qu’j’avais 10 piges Branché sur la radio et sur M6 clip
J ‘guettais la nuit les morceaux qu’j’aimais le doigt sur la touche REC
Bousilleur de vinyls à vouloir en faire des scratches Première cassette mixée sur le poste du salon
Walkman autoreverse dans la poche du blouson
Rythmique, éloquence, boom bap rayonnant
Micro, piste de danse, prestance étonnante
Basse assourdissante, vinyl sous diamant
Bacs de disques fouillés à la quête d’échantillons Textes intimistes, forte portée poétique
Lyrics explicites, forte portée politique
Ethique, sens de l’honneur, sens des valeurs simples
Retrait du monde, ermite, découpage, sample
5ème4 premier rap sur les pages vides de l’agenda
Je sais au fond de moi que ce truc ne me lâchera pas
Lycée, arrivée du graveur et d’internet
J’deviens le plus grand bicraveur de cd de la cafet
J’me sens comme un explorateur de la ruée vers l’or
J’pars en direction de l’ouest écoute le son même quand je dors Début des années fac huis clos sur un micro trois raclos
On monte le sekozif crew ... utopie d’ado
Je freestyle des heures sur une boucle fruity
Perdu des heures autour de white widow fruitée
On a tellement craché de fumée, qu’on s’est perdu de vue
J’ai su que pour avancer fallait qu’j’me barre d’ici
Tapement de caisse sur des bidons d’huile,
Beatbox, bidonvilles , collectif, force participative
Bricolage, sens aiguë du freestyle
Danseur mystique, amour de l’art
Concert survolté, slameur fantastique Héritage des griots, situation critique Afrobeat, high life, blues du Sahara
Une partie d’mon âme est restée là-bas
|
||||
2. |
Femmes du monde
03:31
|
|||
Les plus belles femmes du monde ne sont pas dans les magazines
C’est dans l’ombre d’une pendule que leur sourire se dessine
A l’image de ces collines marquées par l’érosion
Leur majesté sublime le cycle des saisons
À l’occasion j’me penche dans leurs regards délavés
Imaginant ce que de leurs vitres elles ont vu défiler
Des milliers de sourires, de pleurs, de passions, d’adieux
Des milliers de couleurs, de parfums, une douce vie à deux
Leurs doigts usés ont du serrer tellement de choses
A la fois force et réconfort qu’ils soient tannés ou roses
Elles ont collé des baffes comme apaisé les fronts les soirs de fièvre
Ont protégé des rafles, nourri et travaillé la terre
Elles ont courbé l’échine restant gracieuses et dignes
Dans les manufactures, les bordels, les champs les cuisines Avec ce qu’on leur doit, respect n’est qu’un piètre mot
On est ici car une d’elle s’est penchée sur nos berceaux
Les plus belles femmes du monde ne sont pas dans les magazines
C’est dans l’ombre d’une pendule que leur sourire se dessine
À l’image de ces collines marquées par l’érosion
Leur majesté sublime le cycle des saisons
Contemplatrices feutrées de l’espace qu’elles connaissent Elles observent le silence et s’éloignent des scènes de liesse Leurs mots sont rares comme des pierres précieuses
J’aime lire entre les lignes de leurs mains calleuses
Sérénité les gagne, comme sur leur main les tâches rousses Un rocher se laisse doucement recouvrir de mousse
Les motifs de leurs tabliers racontent l’histoire d’un autre temps Où nos parents écoutaient de leurs oreilles d’enfant
J’ai en mémoire l’visage de ces femmes croisées autour du monde Des banlieues grises de grandes villes aux campagnes profondes
Des marigots de Diapaga au troquet des Abbesses
Elles m’ont ouvert leurs portes moi l’étranger le visiteur
Ont mis un sens sur l’expression la main sur le cœur
Les plus belles femmes du monde elles sont d’ici elles sont d’ailleurs
Tu peux lire sur leurs visages la belle histoire des heures Des hauteurs de Pokhara aux oliveraies de Fès
Des marigots de Diapaga au troquet des Abbesses
Elles m’ont ouvert leurs portes moi l’étranger le visiteur
Ont mis un sens sur l’expression la main sur le cœur
Les plus belles femmes du monde elles sont d’ici elles sont d’ailleurs
Tu peux lire sur leurs visages la belle histoire des heures
|
||||
3. |
Entre la vigne et la mer
03:19
|
|||
Mon père c’est la mer, sa douceur sa force sa musique
Regard vers l’horizon, l’amour du bucolique
Calme comme une mer d’huile un soir sans courroux
Mais ou passé la surface tout est fait de remous
Les soirs de brume, son phare montre la bonne voie
La mer m’a appris à suivre la lune, à croire en moi
Les marins sont solitaires, happés par le large
Attirés par l’éclair ils sont heureux les nuits d’orage
Tes vagues m’ont bercé ont épongé mes pleurs
Ont amorti le choc des rochers pour échouer sans heurts
Mon oreille d’enfant collé contre un coquillage
Assis sur le rivage, je trouvais des formes aux nuages
Tu m’as appris à donner sans attendre en retour
Que tout ce qu’on jette nous revient en écume un jour
J’ai observé l’humilité, les yeux vers ton infini
J’ai compris que seule la passion me donnerait vie
Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi.
Entre Méditerranée, Minervois et Corbières, j'ai grandi
Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi.
Des oliviers centenaires, des racines sous les pierres, j’ai grandi.
Ma mère c’est la vigne, celle qui nourrit, qui apaise
Les racines profondes, ancrées dans la terre glaise
En place, malgré les tempêtes, les maladies
La vigne tire sa force du sol et toute sa modestie
Tes tanins nous protègent, j’en prête sarment
Tu t’exposes pour nous aux doutes aux peurs aux tourments
Tu consacres ta vie aux attentes des autres
J’ai su que sans labeur on obtenait maigre récolte
Fruit du travail, de la rigueur des obligations
Tu portes comme une treille des grappes d’affection
Tu danses, sous le mistral des bals de vendange
Tu es libre, ta beauté n’a pas d’âge
Non pas les raisins de la colère, mais les raisins de l’amour
Je rêve parfois que ses baies retrouvent les embruns de la mer
La mer, la vigne sont mes amarres, mon port d’attache
Rhizomes dans le sol, je reste appelé par le voyage
Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi.
Entre Méditerranée Minervois et Corbières, j’ai grandi.
Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi.
Des oliviers centenaires, des racines sous les pierres, j’ai grandi.
|
||||
4. |
||||
Je ne te connais pas, en fait si peu, si mal, c’est vrai
L’histoire de l’exil est restée dans ces orangeraies
J’ai toujours vu ton ombre défiler sous des pages cornées
Des photos de familles aux visages raturés
Disons que dans mon clan, on a choisi le déni
Les points d’interrogation sont balayés sous le tapis
Les paroles interrogent ? Réflexe de survie
Les vérités s’envolent loin dans une brume de non-dits
Les soifs de savoir nous assèchent mais elles sont tues
On pose nos questions vitales à des statues
Mon besoin d’étancher a pourtant besoin d’une issue
Une simple croix à la craie pour savoir où je me situe
Le nuage est épais et rend la quête de racine opaque
Je ne peux m’apaiser d’un reflet dans une flaque
Les mots m’font peur mais je les affronterai sans dague
Quand on veut connaître la mer faut bien en traverser les vagues
REFRAIN
El silencio hiere mi memoria - Mi identidad necesita tu palabra
El silencio hiere mi memoria - Mi identidad necesita tu palabra
Des ruelles de mensonges, des carrefours d’ignorance
Pavés de pudeur, de peur, de dangereuses réminiscences
Le murmure des fantômes j’veux l’entendre fort je m’en balance
Même si je ne peux que m’incliner devant le choix du silence
Derrière des persiennes, se découpe une silhouette
Une vérité qui disparaît à mesure que j’la guette
Une voix tremblante me demande d’abandonner ma quête
Car sur le chemin je risque de froisser quelques êtres
Ils me sont chers, plus que ça je leur donnerais ma vie
Mais j’refuse qu’un bandeau noué vienne masquer ma vue
La fortune réside dans nos dires les plus précieux
Plus qu’un héritage de pierre s’ transmet de la part des aïeux On parle fort on pleure on gueule pour un tout pour un rien
Le silence pèse lourd chez les peuples latins
Comme si fuir et traverser les Pyrénées pieds nus ce n’était rien
REFRAIN
Entre bribes de souvenirs et fantasmes j’ crayonne ma fresque de vie
Cherche dans les anecdotes des vieux les ruines d’Andalousie
Les histoires en pointillés nourrissent ma mélancolie
Et c’est les points de suture d’ma propre vie qu’au fond ici je relie
Souffler sur une mallette usée et voir s’en élever la poussière
Volutes d’oubli où apparaît parfois un filet de lumière
Incandescence brève dans des clichés parfois centenaires
C’est qui ces têtes sur les photos j’ai l’impression d’les connaître
Tant de sentiers foulés de mon sud de l’Espagne à mon sud de la France
Tant de sentiments refoulés sous le poids de la distance
Comme si la guerre avait volé leurs larmes et leurs danses
Et anéanti par là même toute recherche de sens
Dans la migration, le corps précède l’âme de l’homme
Et dans ces trajectoires d’exil il arrive qu’elle se paume
J’veux juste un brin d’histoire peu m’importe la forme
Abuela parle moi avant que je puisse plus serrer ta paume
|
||||
5. |
||||
6. |
||||
Regarde-les ils font de nous un peuple de dominos
Fabriquent notre opinion pour pas disperser le troupeau
Tu fais ton CAP ou ton master de sciences humaines
Eux sont formés à être chiens de garde du système
Ils sont élevés dans les mêmes écoles HEC ENA
Apprennent les codes les rôles les postures qu’on ne partage pas
Tu trouveras pas un fils d’ouvrier dans leurs amphithéâtres
Pour qu’ils cuvent leurs grands crus, il faut bien qu’la lie s’écarte
En quelques années ils se créent un réseau qui ne cesse de s’étendre
On peine à arriver au smic le pouvoir d’achat n’fait qu’descendre
Grands journalistes, dirigeants politiques, chefs d’entreprise
Voilà le tiercé gagnant, les autres économisent, s’enlisent
J’suis pas partisan du complot mais la fatalité n’est pas
Ils dressent l’itinéraire sur lequel on pose nos pas
Tu lis ton quotidien de gauche, tu te crois bien informé
Alors que tout appartient aux mêmes groupes financiers
J’crois pas que l’on renverse leur économie de marché
Mais choisir de bien s’informer c’est leur mettre un coup de pied
Je rêve de décroissance, de régionalisation
Balayer devant sa porte c’est le début d’une action
Regarde les ils nous gavent comme des bêtes en batterie
Font croire que ce que ce tu bouffes a gambadé dans la prairie
Ils remplissent ton caddie pour toi, illusion de contrôle
Antibiotiques, Ogm, Rbgh, hormones
Leurs étiquetages sont faux comme le sourire de la vache qui rit
On morflera dans 20 ans de ce qu’on bouffe aujourd’hui
Un scandale éclate et anime l’actu
Le quidam fait gaffe 1 mois et reprend son habitus
Les souches de nos produits sont modifiées génétiquement
Pour ton cancer tu remercieras Monsanto chaleureusement
Ils nous créent des besoins de technologies jetables
n met l’argent qu’on a dans des téléphones portables Alors le budget bouffe est bas, on achète bon marché
Et ca leur donne un peu plus de légitimité
Pourtant les petits producteurs sont à côté de nous
Alors même si tu raques sache que la santé à un coût
REFRAIN
Regarde-les, ils nous posent des faux diagnostics
On est bonobo-test pour les labos pharmaceutiques
On fabriquait des médicaments pour répondre à des maladies
Aujourd’hui on crée des maladies pour les besoins de l’industrie
Leur marketing se mêle à la santé
On crée des pathologies quand les cachets n’sont plus brevetés
Leurs premières cibles sont les médecins généralistes
Tu seras bipolaire pour solder des antipsychotiques
Le copinage est grand entre recherche et labos
Les thésards sont financés s’ils suivent les consignes d’en haut
Argument imparable, mieux vaut prévenir que guérir
Ouvre grand la bouche, avale et laisse-les t’endormir
Ils appuient les effets bénéfiques, masque les secondaires
Il tient qu’à nous de faire le tri, de ne pas être des vaches à traire
Addiction, trouble neurologique, cardio vasculaire
Augmentent encore plus vite que le profit de leurs actionnaires
REFRAIN
|
||||
7. |
Jalousie
03:23
|
|||
Reste loin et ne viens pas pointer ton nez
J’aime ta voix susurrée mais pas quand elle se met à détonner
Eloignée tu sais me faire sentir la valeur de ma belle
Mais quand tu t’fais trop présente oppressante c’est le bordel
Dans chacune de mes veines, de mes pores, de mes synapses
Tu t’inscris dans mes fissures et transforme l’amour en menace
Les premières semaines tu sais te faire douce et discrète
Tu laisses le cœur s’emballer et t’la joues timide ou distraite
Mais ce n’est qu’une apparence, tu finis par squatter les devants
Et achève d’un coup de glaive le prince charmant
Tu m’as happé tellement de fois que c’coup-ci j’suis briefé
J’veux plus sentir tes ongles de haine me griffer
Mais j’tremble à l’idée que tu te rapproches de moi
A peine un mois que j’la fréquente que commence le combat
Celui du miroir de mon âme contre ma rationalité
Celui d’l’envie de posséder l’autre ou de la laisser respirer. Reste loin.
J’avoue c’est vrai parfois, tu réveilles les amours assoupis
Mais tu secoues tellement fort que tu ranimes la tyrannie
Tu m’ouvres grand les yeux mais m’fais surtout voir ce qui n’est pas
D’inquiétude à paranoïa, tu m’fais franchir le pas
Tous mes soupçons deviennent vérité quant tu te niches à mes côtés
J’deviens lâche et finis toujours par t’écouter
Tes couteaux dans mes plaies, du sel sur elle, des dents serrées
Une veine sur le front de mon visage fermé
Tu sais t’accroitre dans le silence de ma propre quiétude
Et finis par exploser plus fort qu’un de ces missiles skud
Et gare au dégât, aux bévues réparables au début
Et qui finissent toujours par un, je te supporte plus
Tu ériges en montagne le détail le plus insignifiant
Miroir déformant, tu fais du nain un géant
Ta magie est belle mais j’la veux loin de moi
Donc bouge, file, disparais de mon panorama.
Ma brûlure, ma braise, il est temps pour toi de t’en aller
Ya que l’odeur de ton absence qu’à plein poumons je peux inhaler
Tu es un vilain défaut, une sale manie, une vieille tare
Je te demande de sortir de ma vie il se fait déjà tard
La jalousie aveugle un cœur d’amour atteint
Et sans examiner, il croit tout ce qu’elle craint
Alors autant laisser couler, accepter d’se mouiller
C'est pas un parapluie qui empêchera la pluie de tomber
|
||||
8. |
Abuelo bandido
04:24
|
|||
J’n’avais pas encore tombé mes premières dents
Que j’touchais ce jouet de chrome sur le divan
J’m’amusais à pincer les cousins avec ses pinces à billet
Dans mes yeux miroitait sa chaîne autour du cou qui brillait
Son alibi était d’être ouvrier des vignes
Mais à 17 ans papi pouvait racheter
Toutes les terres de la coopé si jamais ça lui pétait
Parti à la ville, ses photos ornaient nos murs
Un sourire carnassier et une putain d’allure
Pour ma grand-mère c’était comme un trophée d’rugby
Mais l’envers du décor était plus sombre lui
Combien de gonzes sont tombés dans ses virées à mains armées
Pourquoi le sang sur sa chemise lui appartenait jamais
Il était rapide comme un fauve, plein de feintes et d’esquives
Le roi d’la combine, de l’audace de la resquille
Un bandido, mi abuelo mitad hero mitad pendejo
Dibujo mi sueno desde chiquito
Un bandido, mi abuelo mitad hero mitad pendejo
Su vida mezcla de real y de ficcion
Le jour où il a tiré pour tuer ce chien sur le perron
J’ai ressenti d’la terreur et de l’admiration
J’ai compris qu’le calibre était le prolongement de son bras
Et que pour vivre ivre il lui fallait avoir des proies
Mais comme tout voyou papi assurait ses arrières
Et sans qu’elle le sache il impliquait la famille entière
On savait rarement le contenu des mallettes qu’il déposait
Fallait juste que j’fouille pas sous mon lit superposé
Un jour mon père a cherché son passeport pendant des semaines
Mais papi s’en servait pour passer la frontière pyrénéenne
En voyage avec lui, on s’arrêtait dans des banques espagnoles
J’ai jamais bavé, j’avais trop peur d’une torgnolle
J’étais devant mon bol de céréales ce matin gris
La sonnette retentit, papi se leva, il me dit à plus petit
La brigade du grand banditisme lui passa les gourmettes
Un aller simple 30 ans prison des baumettes
REFRAIN
On s’est échangé quelques cartes ces années là
Il me racontait des blagues et me décrivait l’endroit
Un beau jour, j’attendais le facteur, rivé à la fenêtre
Et papi arriva, visage sous une casquette
Par quelques ruses et quelques contacts, il s’était fait la malle
J’ai senti comme une intuition qu’on paierait sa cavale
À peine dans le patio, la BRB a déboulé
J’étais pas bien haut et la première balle m’a frôlé
Papi a sauté ventre à terre on a tous fait pareil
Je n’ai vu à cet instant qu’une succession d’étincelles
La suite je ne la sais plus, ce n’est que sifflement et verre cassé
Larsen dans mes oreilles du sang sur la télé
Les miens sont tombés... silence assourdissant
La balle ricocha, triste destin, j’étais le suivant
On s’est tous fait dégommer, des pieds jusqu’à la tête
Mais papi a eu le temps de s’enfuir par la fenêtre
|
||||
9. |
Interlude - Rap Story
02:08
|
|||
10. |
||||
J’entends à peine ton souffle entre tes deux lèvres gercées
J’ai vu ta joie de vivre tour à tour charmer puis s’effacer
Des carreaux noircis par une flamme trop vive
Masquent parfois la vie de l’autre côté d’la rive
Du bout d’la manche frotte la suie sur cette vitre sale
Accroche toi à l’espoir comme un insecte à son sépale
C’est en choquant contre le sol, comme un vieux corps las
Qu’on trouve la force d’inertie pour prendre l’air à la surface
L’obscurité apaise amène au plus profond de soi
Aucun jugement, aucun regard, la victime fixe les lois
Mais ces ténèbres sur ton visage abîment trop tes joues
Essaie de mettre un pied devant l’autre, dehors il fait jour
La lune éclaire quand même les sombres ruelles les faubourgs
Au dehors le printemps guette, ouvre la porte, il fait jour
Tes forces s’amenuisent, ta volonté s’engourdit
Une enclume sur les bras qui chaque jour s’alourdit
Ce nuage gris autour a quelque chose de confortable
Apercevoir l’éclaircie quelque chose d’insurmontable
Tu as connu le vide le froid du fond de ton lit
Ton téléphone n’affichant plus le nom de tes amis
Le fait de te voir seul, fait peur, ça les rend égoïstes
Leur absence c’est leur faiblesse, des petites traîtrises
Accepte mon humble aide agrippe toi à ma main
Je sais qu’un jour c’est de la tienne dont j’aurai besoin
Tiens le coup mon ami, aujourd’hui c’est ton tour
Met toi debout bien que blessé, dehors il fait jour
La lune éclaire quand même les sombres ruelles les faubourgs
Au dehors le printemps guette, ouvre la porte, il fait jour.
|
||||
11. |
Le cortège
04:13
|
|||
Ils sont tous là, ils ont mis leurs plus beaux costumes
Pour passer te saluer aujourd’hui à titre posthume
Le cortège démarre, beau comme une chanson triste
Il fait tomber mes larmes mais me fait bomber le buste
Les musiciens sont là, les vignerons les vieux copains
A la main leurs casquettes serrées fort comme leurs chagrins
Certains posent leurs mains râpeuses sur nos épaules
Mais savent qu’au fond chez nous nos peines on les garde pour nous seuls
Pas besoin de mots prudents, non, la présence suffit
Comme celle du soleil venant tendrement chasser la nuit
J’entends le bruit des pas synchrones, sur le tarmac fondu
Entrecoupé par des sanglots qui n’ont su être retenus
Ce chemin, on l’a fait à vélo au temps des premières amourettes
Sillonné ados, à deux sur une mobylette
Mais là on marche front baissé, les souvenirs piquent les yeux Le ciel chauffe ma nuque, on doit partir quand on est vieux
Le cortège n’est pas triste on n’est plus des gosses
On sait que dans la vie y’a la mort et que dans la mort y’a la vie
Le village flotte, dans la chaleur d’un matin d’août
Les portes de l’église frottent, dernière messe dernière route
On s’assoit sur ses bancs, on admire les vitraux
Les litanies du curé nous intéressent pas trop
Qu’est ce qu’il connaissait de toi ce vieux benêt après tout
On respecte les traditions, mais les sermons on s’en fout
Les bigotes débutent leur cantiques, voix de crécelles
On retient nos rires nerveux, on regarde nos semelles
Ah ça elles y tiennent à leur place au paradis
Leurs visages suent la dévotion, mais pas l’empathie
Des volutes d’encens s’élèvent de tes 4 planches de bois
Elles tournoient sur l’autel, j’imagine qu’c’est toi
On revient à nos images d’enfant dès qu’la mort approche
Comme si la naïveté ôtait d’la vie son côté moche
En guise d’épilogue, la voix de Berthe Sylva s’étend
La chanson les roses blanches, toi qui les aimais tant
Le cortège n’est pas triste on n’est plus des gosses
On sait que dans la vie y’a la mort et que dans la mort y’a la vie
Le cortège rejoint finalement ceux restés devant la chapelle
Qui rentrent plus dans les lieux saints car à Dieu ils font la gueule
On les appelle mécréants car ils n’sont pas dans les rangs
Mais ils sont toujours présents des sourires réconfortants
On y a tous gravé nos noms un jour au petit canif
On s’approche, ils seront parasols pour ton dernier nid
Couvert de fleurs, au bord du canal du midi
Le cortège n’est pas triste on n’est plus des gosses
On sait que dans la vie y’a la mort et que dans la mort y’a
la vie
On a apporté des fleurs, de belles roses blanches
On a gardé les couleurs et les odeurs des vieux dimanches
|
||||
12. |
La règle du Je
03:05
|
|||
Tous sur un même champ d’bataille, la vie assène ses coups
Seule force le mental, la vie égrène ses jours
Guerrier sans cause physique, sans ennemi définissable
Mes cibles bougent sous l’effet du vent comme une dune de sable
Je lutte contre mes peurs, mes doutes, contre une armée
de 1000 âmes
Ma seule victoire mon but : devenir un meilleur homme
Le temps d’un murmure on se façonne comme l’argile
Même si certaines blessures demeurent indélébiles
Si le sol brûle mes pieds, c’est que j’cours pas assez vite
Je suis entre le ciel et le papier, ce soir dans ma guérite
Tu n’as pas peur, donc tu ne connais pas le courage
Les traverses les raccourcis sont de simples mirages
Certains l’appellent djihad du cœur, d’autres samsara
Certains l’appellent Yerushalaim, d’autres chemins de croix
Au fond la même quête de vérité, se battre se relever
Rechercher l’immuable et progresser
Même bloqué dans les cordes, je saurai esquiver
Le taureau n’est pas lâche s’il commence par reculer
On n’est jamais blindé, faut encaisser les chocs
Ce texte partagé n’est qu’un simple soliloque
D’un homme parmi d’autres cherchant l’équilibre
Voulant se délester de ses fers pour enfin vivre libre
Dieu est trop grand pour être confié à une seule religion
Je préfère être sans réponse qu’avoir une seule vision
Vivre comme si tout s’arrêtait l’instant prochain
Voir le nouveau dans l’ordinaire, dans l’instant présent
Toujours repousser ses efforts au déjà de sa limite
Je m’inspire de l’Hagakuré, comme de ma propre analyse
J’ai renoncé à la douceur des jours passés
J’œuvre pour le présent la nostalgie vient m’enlacer
Face aux difficultés, mes facultés s’aiguisent
La vie est fugace comme un rêve, j’en travaille la maîtrise
|
TOAN France
Toan parle de ce qu’il connait, de la vie dans son Sud natal, du poids de l’héritage familial, du devoir de résilience, de l’amour que l’on porte aux siens comme celui que l’on se doit de porter aux autres. Toan a construit chacun de ses morceaux à son image. Une pudeur viscérale peut réduire au silence. Chez lui, elle force à la retenue et conduit à la réflexion, au choix du mot juste. ... more
Streaming and Download help
If you like TOAN, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp