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Entre la vigne et la mer

by TOAN

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    Edition limitée. Digisleave de l'album "Entre la vigne et la mer" - Livret 12 pages. Produit par Vincha.Tous les bénéfices de l'album sont reversés à l'association A&SI - www.artsetsolidariteinterculturelle.com

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1.
L’alchimie est compliquée, j’pourrais même pas te l’expliquer Résultat du croisement d’évènement et d’un instant T Tombé tout marmot dans la marmite au milieu des disques J’n’ai jamais voulu faire carrière dans la musique Mais c’rap m’emballait trop, j’crois qu’j’avais 10 piges Branché sur la radio et sur M6 clip J ‘guettais la nuit les morceaux qu’j’aimais le doigt sur la touche REC Bousilleur de vinyls à vouloir en faire des scratches Première cassette mixée sur le poste du salon Walkman autoreverse dans la poche du blouson Rythmique, éloquence, boom bap rayonnant Micro, piste de danse, prestance étonnante Basse assourdissante, vinyl sous diamant Bacs de disques fouillés à la quête d’échantillons Textes intimistes, forte portée poétique Lyrics explicites, forte portée politique Ethique, sens de l’honneur, sens des valeurs simples Retrait du monde, ermite, découpage, sample 5ème4 premier rap sur les pages vides de l’agenda Je sais au fond de moi que ce truc ne me lâchera pas Lycée, arrivée du graveur et d’internet J’deviens le plus grand bicraveur de cd de la cafet J’me sens comme un explorateur de la ruée vers l’or J’pars en direction de l’ouest écoute le son même quand je dors Début des années fac huis clos sur un micro trois raclos On monte le sekozif crew ... utopie d’ado Je freestyle des heures sur une boucle fruity Perdu des heures autour de white widow fruitée On a tellement craché de fumée, qu’on s’est perdu de vue J’ai su que pour avancer fallait qu’j’me barre d’ici Tapement de caisse sur des bidons d’huile, Beatbox, bidonvilles , collectif, force participative Bricolage, sens aiguë du freestyle Danseur mystique, amour de l’art Concert survolté, slameur fantastique Héritage des griots, situation critique Afrobeat, high life, blues du Sahara Une partie d’mon âme est restée là-bas
2.
Les plus belles femmes du monde ne sont pas dans les magazines C’est dans l’ombre d’une pendule que leur sourire se dessine A l’image de ces collines marquées par l’érosion Leur majesté sublime le cycle des saisons À l’occasion j’me penche dans leurs regards délavés Imaginant ce que de leurs vitres elles ont vu défiler Des milliers de sourires, de pleurs, de passions, d’adieux Des milliers de couleurs, de parfums, une douce vie à deux Leurs doigts usés ont du serrer tellement de choses A la fois force et réconfort qu’ils soient tannés ou roses Elles ont collé des baffes comme apaisé les fronts les soirs de fièvre Ont protégé des rafles, nourri et travaillé la terre Elles ont courbé l’échine restant gracieuses et dignes Dans les manufactures, les bordels, les champs les cuisines Avec ce qu’on leur doit, respect n’est qu’un piètre mot On est ici car une d’elle s’est penchée sur nos berceaux Les plus belles femmes du monde ne sont pas dans les magazines C’est dans l’ombre d’une pendule que leur sourire se dessine À l’image de ces collines marquées par l’érosion Leur majesté sublime le cycle des saisons Contemplatrices feutrées de l’espace qu’elles connaissent Elles observent le silence et s’éloignent des scènes de liesse Leurs mots sont rares comme des pierres précieuses J’aime lire entre les lignes de leurs mains calleuses Sérénité les gagne, comme sur leur main les tâches rousses Un rocher se laisse doucement recouvrir de mousse Les motifs de leurs tabliers racontent l’histoire d’un autre temps Où nos parents écoutaient de leurs oreilles d’enfant J’ai en mémoire l’visage de ces femmes croisées autour du monde Des banlieues grises de grandes villes aux campagnes profondes Des marigots de Diapaga au troquet des Abbesses Elles m’ont ouvert leurs portes moi l’étranger le visiteur Ont mis un sens sur l’expression la main sur le cœur Les plus belles femmes du monde elles sont d’ici elles sont d’ailleurs Tu peux lire sur leurs visages la belle histoire des heures Des hauteurs de Pokhara aux oliveraies de Fès Des marigots de Diapaga au troquet des Abbesses Elles m’ont ouvert leurs portes moi l’étranger le visiteur Ont mis un sens sur l’expression la main sur le cœur Les plus belles femmes du monde elles sont d’ici elles sont d’ailleurs Tu peux lire sur leurs visages la belle histoire des heures
3.
Mon père c’est la mer, sa douceur sa force sa musique Regard vers l’horizon, l’amour du bucolique Calme comme une mer d’huile un soir sans courroux Mais ou passé la surface tout est fait de remous Les soirs de brume, son phare montre la bonne voie La mer m’a appris à suivre la lune, à croire en moi Les marins sont solitaires, happés par le large Attirés par l’éclair ils sont heureux les nuits d’orage Tes vagues m’ont bercé ont épongé mes pleurs Ont amorti le choc des rochers pour échouer sans heurts Mon oreille d’enfant collé contre un coquillage Assis sur le rivage, je trouvais des formes aux nuages Tu m’as appris à donner sans attendre en retour Que tout ce qu’on jette nous revient en écume un jour J’ai observé l’humilité, les yeux vers ton infini J’ai compris que seule la passion me donnerait vie Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi. Entre Méditerranée, Minervois et Corbières, j'ai grandi Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi. Des oliviers centenaires, des racines sous les pierres, j’ai grandi. Ma mère c’est la vigne, celle qui nourrit, qui apaise Les racines profondes, ancrées dans la terre glaise En place, malgré les tempêtes, les maladies La vigne tire sa force du sol et toute sa modestie Tes tanins nous protègent, j’en prête sarment Tu t’exposes pour nous aux doutes aux peurs aux tourments Tu consacres ta vie aux attentes des autres J’ai su que sans labeur on obtenait maigre récolte Fruit du travail, de la rigueur des obligations Tu portes comme une treille des grappes d’affection Tu danses, sous le mistral des bals de vendange Tu es libre, ta beauté n’a pas d’âge Non pas les raisins de la colère, mais les raisins de l’amour Je rêve parfois que ses baies retrouvent les embruns de la mer La mer, la vigne sont mes amarres, mon port d’attache Rhizomes dans le sol, je reste appelé par le voyage Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi. Entre Méditerranée Minervois et Corbières, j’ai grandi. Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi. Des oliviers centenaires, des racines sous les pierres, j’ai grandi.
4.
Je ne te connais pas, en fait si peu, si mal, c’est vrai L’histoire de l’exil est restée dans ces orangeraies J’ai toujours vu ton ombre défiler sous des pages cornées Des photos de familles aux visages raturés Disons que dans mon clan, on a choisi le déni Les points d’interrogation sont balayés sous le tapis Les paroles interrogent ? Réflexe de survie Les vérités s’envolent loin dans une brume de non-dits Les soifs de savoir nous assèchent mais elles sont tues On pose nos questions vitales à des statues Mon besoin d’étancher a pourtant besoin d’une issue Une simple croix à la craie pour savoir où je me situe Le nuage est épais et rend la quête de racine opaque Je ne peux m’apaiser d’un reflet dans une flaque Les mots m’font peur mais je les affronterai sans dague Quand on veut connaître la mer faut bien en traverser les vagues REFRAIN El silencio hiere mi memoria - Mi identidad necesita tu palabra El silencio hiere mi memoria - Mi identidad necesita tu palabra Des ruelles de mensonges, des carrefours d’ignorance Pavés de pudeur, de peur, de dangereuses réminiscences Le murmure des fantômes j’veux l’entendre fort je m’en balance Même si je ne peux que m’incliner devant le choix du silence Derrière des persiennes, se découpe une silhouette Une vérité qui disparaît à mesure que j’la guette Une voix tremblante me demande d’abandonner ma quête Car sur le chemin je risque de froisser quelques êtres Ils me sont chers, plus que ça je leur donnerais ma vie Mais j’refuse qu’un bandeau noué vienne masquer ma vue La fortune réside dans nos dires les plus précieux Plus qu’un héritage de pierre s’ transmet de la part des aïeux On parle fort on pleure on gueule pour un tout pour un rien Le silence pèse lourd chez les peuples latins Comme si fuir et traverser les Pyrénées pieds nus ce n’était rien REFRAIN Entre bribes de souvenirs et fantasmes j’ crayonne ma fresque de vie Cherche dans les anecdotes des vieux les ruines d’Andalousie Les histoires en pointillés nourrissent ma mélancolie Et c’est les points de suture d’ma propre vie qu’au fond ici je relie Souffler sur une mallette usée et voir s’en élever la poussière Volutes d’oubli où apparaît parfois un filet de lumière Incandescence brève dans des clichés parfois centenaires C’est qui ces têtes sur les photos j’ai l’impression d’les connaître Tant de sentiers foulés de mon sud de l’Espagne à mon sud de la France Tant de sentiments refoulés sous le poids de la distance Comme si la guerre avait volé leurs larmes et leurs danses Et anéanti par là même toute recherche de sens Dans la migration, le corps précède l’âme de l’homme Et dans ces trajectoires d’exil il arrive qu’elle se paume J’veux juste un brin d’histoire peu m’importe la forme Abuela parle moi avant que je puisse plus serrer ta paume
5.
6.
Regarde-les ils font de nous un peuple de dominos Fabriquent notre opinion pour pas disperser le troupeau Tu fais ton CAP ou ton master de sciences humaines Eux sont formés à être chiens de garde du système Ils sont élevés dans les mêmes écoles HEC ENA Apprennent les codes les rôles les postures qu’on ne partage pas Tu trouveras pas un fils d’ouvrier dans leurs amphithéâtres Pour qu’ils cuvent leurs grands crus, il faut bien qu’la lie s’écarte En quelques années ils se créent un réseau qui ne cesse de s’étendre On peine à arriver au smic le pouvoir d’achat n’fait qu’descendre Grands journalistes, dirigeants politiques, chefs d’entreprise Voilà le tiercé gagnant, les autres économisent, s’enlisent J’suis pas partisan du complot mais la fatalité n’est pas Ils dressent l’itinéraire sur lequel on pose nos pas Tu lis ton quotidien de gauche, tu te crois bien informé Alors que tout appartient aux mêmes groupes financiers J’crois pas que l’on renverse leur économie de marché Mais choisir de bien s’informer c’est leur mettre un coup de pied Je rêve de décroissance, de régionalisation Balayer devant sa porte c’est le début d’une action Regarde les ils nous gavent comme des bêtes en batterie Font croire que ce que ce tu bouffes a gambadé dans la prairie Ils remplissent ton caddie pour toi, illusion de contrôle Antibiotiques, Ogm, Rbgh, hormones Leurs étiquetages sont faux comme le sourire de la vache qui rit On morflera dans 20 ans de ce qu’on bouffe aujourd’hui Un scandale éclate et anime l’actu Le quidam fait gaffe 1 mois et reprend son habitus Les souches de nos produits sont modifiées génétiquement Pour ton cancer tu remercieras Monsanto chaleureusement Ils nous créent des besoins de technologies jetables n met l’argent qu’on a dans des téléphones portables Alors le budget bouffe est bas, on achète bon marché Et ca leur donne un peu plus de légitimité Pourtant les petits producteurs sont à côté de nous Alors même si tu raques sache que la santé à un coût REFRAIN Regarde-les, ils nous posent des faux diagnostics On est bonobo-test pour les labos pharmaceutiques On fabriquait des médicaments pour répondre à des maladies Aujourd’hui on crée des maladies pour les besoins de l’industrie Leur marketing se mêle à la santé On crée des pathologies quand les cachets n’sont plus brevetés Leurs premières cibles sont les médecins généralistes Tu seras bipolaire pour solder des antipsychotiques Le copinage est grand entre recherche et labos Les thésards sont financés s’ils suivent les consignes d’en haut Argument imparable, mieux vaut prévenir que guérir Ouvre grand la bouche, avale et laisse-les t’endormir Ils appuient les effets bénéfiques, masque les secondaires Il tient qu’à nous de faire le tri, de ne pas être des vaches à traire Addiction, trouble neurologique, cardio vasculaire Augmentent encore plus vite que le profit de leurs actionnaires REFRAIN
7.
Jalousie 03:23
Reste loin et ne viens pas pointer ton nez J’aime ta voix susurrée mais pas quand elle se met à détonner Eloignée tu sais me faire sentir la valeur de ma belle Mais quand tu t’fais trop présente oppressante c’est le bordel Dans chacune de mes veines, de mes pores, de mes synapses Tu t’inscris dans mes fissures et transforme l’amour en menace Les premières semaines tu sais te faire douce et discrète Tu laisses le cœur s’emballer et t’la joues timide ou distraite Mais ce n’est qu’une apparence, tu finis par squatter les devants Et achève d’un coup de glaive le prince charmant Tu m’as happé tellement de fois que c’coup-ci j’suis briefé J’veux plus sentir tes ongles de haine me griffer Mais j’tremble à l’idée que tu te rapproches de moi A peine un mois que j’la fréquente que commence le combat Celui du miroir de mon âme contre ma rationalité Celui d’l’envie de posséder l’autre ou de la laisser respirer. Reste loin. J’avoue c’est vrai parfois, tu réveilles les amours assoupis Mais tu secoues tellement fort que tu ranimes la tyrannie Tu m’ouvres grand les yeux mais m’fais surtout voir ce qui n’est pas D’inquiétude à paranoïa, tu m’fais franchir le pas Tous mes soupçons deviennent vérité quant tu te niches à mes côtés J’deviens lâche et finis toujours par t’écouter Tes couteaux dans mes plaies, du sel sur elle, des dents serrées Une veine sur le front de mon visage fermé Tu sais t’accroitre dans le silence de ma propre quiétude Et finis par exploser plus fort qu’un de ces missiles skud Et gare au dégât, aux bévues réparables au début Et qui finissent toujours par un, je te supporte plus Tu ériges en montagne le détail le plus insignifiant Miroir déformant, tu fais du nain un géant Ta magie est belle mais j’la veux loin de moi Donc bouge, file, disparais de mon panorama. Ma brûlure, ma braise, il est temps pour toi de t’en aller Ya que l’odeur de ton absence qu’à plein poumons je peux inhaler Tu es un vilain défaut, une sale manie, une vieille tare Je te demande de sortir de ma vie il se fait déjà tard La jalousie aveugle un cœur d’amour atteint Et sans examiner, il croit tout ce qu’elle craint Alors autant laisser couler, accepter d’se mouiller C'est pas un parapluie qui empêchera la pluie de tomber
8.
J’n’avais pas encore tombé mes premières dents Que j’touchais ce jouet de chrome sur le divan J’m’amusais à pincer les cousins avec ses pinces à billet Dans mes yeux miroitait sa chaîne autour du cou qui brillait Son alibi était d’être ouvrier des vignes Mais à 17 ans papi pouvait racheter Toutes les terres de la coopé si jamais ça lui pétait Parti à la ville, ses photos ornaient nos murs Un sourire carnassier et une putain d’allure Pour ma grand-mère c’était comme un trophée d’rugby Mais l’envers du décor était plus sombre lui Combien de gonzes sont tombés dans ses virées à mains armées Pourquoi le sang sur sa chemise lui appartenait jamais Il était rapide comme un fauve, plein de feintes et d’esquives Le roi d’la combine, de l’audace de la resquille Un bandido, mi abuelo mitad hero mitad pendejo Dibujo mi sueno desde chiquito Un bandido, mi abuelo mitad hero mitad pendejo Su vida mezcla de real y de ficcion Le jour où il a tiré pour tuer ce chien sur le perron J’ai ressenti d’la terreur et de l’admiration J’ai compris qu’le calibre était le prolongement de son bras Et que pour vivre ivre il lui fallait avoir des proies Mais comme tout voyou papi assurait ses arrières Et sans qu’elle le sache il impliquait la famille entière On savait rarement le contenu des mallettes qu’il déposait Fallait juste que j’fouille pas sous mon lit superposé Un jour mon père a cherché son passeport pendant des semaines Mais papi s’en servait pour passer la frontière pyrénéenne En voyage avec lui, on s’arrêtait dans des banques espagnoles J’ai jamais bavé, j’avais trop peur d’une torgnolle J’étais devant mon bol de céréales ce matin gris La sonnette retentit, papi se leva, il me dit à plus petit La brigade du grand banditisme lui passa les gourmettes Un aller simple 30 ans prison des baumettes REFRAIN On s’est échangé quelques cartes ces années là Il me racontait des blagues et me décrivait l’endroit Un beau jour, j’attendais le facteur, rivé à la fenêtre Et papi arriva, visage sous une casquette Par quelques ruses et quelques contacts, il s’était fait la malle J’ai senti comme une intuition qu’on paierait sa cavale À peine dans le patio, la BRB a déboulé J’étais pas bien haut et la première balle m’a frôlé Papi a sauté ventre à terre on a tous fait pareil Je n’ai vu à cet instant qu’une succession d’étincelles La suite je ne la sais plus, ce n’est que sifflement et verre cassé Larsen dans mes oreilles du sang sur la télé Les miens sont tombés... silence assourdissant La balle ricocha, triste destin, j’étais le suivant On s’est tous fait dégommer, des pieds jusqu’à la tête Mais papi a eu le temps de s’enfuir par la fenêtre
9.
10.
J’entends à peine ton souffle entre tes deux lèvres gercées J’ai vu ta joie de vivre tour à tour charmer puis s’effacer Des carreaux noircis par une flamme trop vive Masquent parfois la vie de l’autre côté d’la rive Du bout d’la manche frotte la suie sur cette vitre sale Accroche toi à l’espoir comme un insecte à son sépale C’est en choquant contre le sol, comme un vieux corps las Qu’on trouve la force d’inertie pour prendre l’air à la surface L’obscurité apaise amène au plus profond de soi Aucun jugement, aucun regard, la victime fixe les lois Mais ces ténèbres sur ton visage abîment trop tes joues Essaie de mettre un pied devant l’autre, dehors il fait jour La lune éclaire quand même les sombres ruelles les faubourgs Au dehors le printemps guette, ouvre la porte, il fait jour Tes forces s’amenuisent, ta volonté s’engourdit Une enclume sur les bras qui chaque jour s’alourdit Ce nuage gris autour a quelque chose de confortable Apercevoir l’éclaircie quelque chose d’insurmontable Tu as connu le vide le froid du fond de ton lit Ton téléphone n’affichant plus le nom de tes amis Le fait de te voir seul, fait peur, ça les rend égoïstes Leur absence c’est leur faiblesse, des petites traîtrises Accepte mon humble aide agrippe toi à ma main Je sais qu’un jour c’est de la tienne dont j’aurai besoin Tiens le coup mon ami, aujourd’hui c’est ton tour Met toi debout bien que blessé, dehors il fait jour La lune éclaire quand même les sombres ruelles les faubourgs Au dehors le printemps guette, ouvre la porte, il fait jour.
11.
Le cortège 04:13
Ils sont tous là, ils ont mis leurs plus beaux costumes Pour passer te saluer aujourd’hui à titre posthume Le cortège démarre, beau comme une chanson triste Il fait tomber mes larmes mais me fait bomber le buste Les musiciens sont là, les vignerons les vieux copains A la main leurs casquettes serrées fort comme leurs chagrins Certains posent leurs mains râpeuses sur nos épaules Mais savent qu’au fond chez nous nos peines on les garde pour nous seuls Pas besoin de mots prudents, non, la présence suffit Comme celle du soleil venant tendrement chasser la nuit J’entends le bruit des pas synchrones, sur le tarmac fondu Entrecoupé par des sanglots qui n’ont su être retenus Ce chemin, on l’a fait à vélo au temps des premières amourettes Sillonné ados, à deux sur une mobylette Mais là on marche front baissé, les souvenirs piquent les yeux Le ciel chauffe ma nuque, on doit partir quand on est vieux Le cortège n’est pas triste on n’est plus des gosses On sait que dans la vie y’a la mort et que dans la mort y’a la vie Le village flotte, dans la chaleur d’un matin d’août Les portes de l’église frottent, dernière messe dernière route On s’assoit sur ses bancs, on admire les vitraux Les litanies du curé nous intéressent pas trop Qu’est ce qu’il connaissait de toi ce vieux benêt après tout On respecte les traditions, mais les sermons on s’en fout Les bigotes débutent leur cantiques, voix de crécelles On retient nos rires nerveux, on regarde nos semelles Ah ça elles y tiennent à leur place au paradis Leurs visages suent la dévotion, mais pas l’empathie Des volutes d’encens s’élèvent de tes 4 planches de bois Elles tournoient sur l’autel, j’imagine qu’c’est toi On revient à nos images d’enfant dès qu’la mort approche Comme si la naïveté ôtait d’la vie son côté moche En guise d’épilogue, la voix de Berthe Sylva s’étend La chanson les roses blanches, toi qui les aimais tant Le cortège n’est pas triste on n’est plus des gosses On sait que dans la vie y’a la mort et que dans la mort y’a la vie Le cortège rejoint finalement ceux restés devant la chapelle Qui rentrent plus dans les lieux saints car à Dieu ils font la gueule On les appelle mécréants car ils n’sont pas dans les rangs Mais ils sont toujours présents des sourires réconfortants On y a tous gravé nos noms un jour au petit canif On s’approche, ils seront parasols pour ton dernier nid Couvert de fleurs, au bord du canal du midi Le cortège n’est pas triste on n’est plus des gosses On sait que dans la vie y’a la mort et que dans la mort y’a la vie On a apporté des fleurs, de belles roses blanches On a gardé les couleurs et les odeurs des vieux dimanches
12.
Tous sur un même champ d’bataille, la vie assène ses coups Seule force le mental, la vie égrène ses jours Guerrier sans cause physique, sans ennemi définissable Mes cibles bougent sous l’effet du vent comme une dune de sable Je lutte contre mes peurs, mes doutes, contre une armée de 1000 âmes Ma seule victoire mon but : devenir un meilleur homme Le temps d’un murmure on se façonne comme l’argile Même si certaines blessures demeurent indélébiles Si le sol brûle mes pieds, c’est que j’cours pas assez vite Je suis entre le ciel et le papier, ce soir dans ma guérite Tu n’as pas peur, donc tu ne connais pas le courage Les traverses les raccourcis sont de simples mirages Certains l’appellent djihad du cœur, d’autres samsara Certains l’appellent Yerushalaim, d’autres chemins de croix Au fond la même quête de vérité, se battre se relever Rechercher l’immuable et progresser Même bloqué dans les cordes, je saurai esquiver Le taureau n’est pas lâche s’il commence par reculer On n’est jamais blindé, faut encaisser les chocs Ce texte partagé n’est qu’un simple soliloque D’un homme parmi d’autres cherchant l’équilibre Voulant se délester de ses fers pour enfin vivre libre Dieu est trop grand pour être confié à une seule religion Je préfère être sans réponse qu’avoir une seule vision Vivre comme si tout s’arrêtait l’instant prochain Voir le nouveau dans l’ordinaire, dans l’instant présent Toujours repousser ses efforts au déjà de sa limite Je m’inspire de l’Hagakuré, comme de ma propre analyse J’ai renoncé à la douceur des jours passés J’œuvre pour le présent la nostalgie vient m’enlacer Face aux difficultés, mes facultés s’aiguisent La vie est fugace comme un rêve, j’en travaille la maîtrise

about

Toan est né au milieu des années 80 et a grandit en même temps qu’un mouvement. Il respire par lui et pour lui. Le hip-hop c’est sa vie. Quand il sera grand, il sera rappeur. Une promesse d’enfant reste une promesse. Même faite à soi même. Aujourd’hui Toan vit à Paris. Psychologue le jour, manieur de mots le reste du temps.

Un premier album, « entre la vigne et la mer ». Ne cherchez pas d’égo trip, de golf GTi et de pneus qui crissent. Tony Montana n’a pas sa place chez Guédiguian. Toan parle de ce qu’il connait, de la vie dans son Sud natal, coincé entre les Corbières et le Minervois, du poids de l’héritage familial, du devoir de résilience, de l’amour que l’on porte aux siens comme celui que l’on se doit de porter aux autres. Toan a fait le tour du monde pour mieux comprendre celui dans lequel il vit. Prendre du recul sur les choses pour mieux les embrasser. Son écriture n’est pas un exutoire. Le rap conscient n’existe pas.

Toan a construit chacun de ses morceaux à son image. Une pudeur viscérale peut réduire au silence. Chez lui, elle force à la retenue et conduit à la réflexion, au choix du mot juste. Ce n’est pas de la timidité mais de la grandeur d’âme. Si on n’a pas d’histoire, on est quoi ?

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released November 23, 2015

Tous les bénéfices de l'album sont reversés à l'association A&SI - www.artsetsolidariteinterculturelle.com - PRODUIT PAR VINCHA

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TOAN France

Toan parle de ce qu’il connait, de la vie dans son Sud natal, du poids de l’héritage familial, du devoir de résilience, de l’amour que l’on porte aux siens comme celui que l’on se doit de porter aux autres. Toan a construit chacun de ses morceaux à son image. Une pudeur viscérale peut réduire au silence. Chez lui, elle force à la retenue et conduit à la réflexion, au choix du mot juste. ... more

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